D’un bout à l’autre de RAM, on songe, en creux, au grandiose "Tusk" de Fleetwood Mac avec ses ambitions, ses morceaux percutants, sa fausse démesure. "Random Access Memories", donc, s’écoute (se vit) à la façon d’un album d’une époque révolue, celle des grands studios d’enregistrements avec leur belle cohorte de musiciens impeccables, leur absence de machines trop rigides. Mais, plutôt que de se contenter de cela, cet album si riche qu’il en est aussi extrêmement dévorant (il occupe l’esprit bien longtemps après la fin de son dernier morceau) est un manifeste, que l’on pourrait penser presque politique. Car, il en sort quelque chose (des sentiments, des impressions) qui rompt avec la morosité de l’époque présente : la joie qu’il communique est toujours accompagnée de questions suggérées, transmises par les paroles, dont l’ambiguïté permanente et la fausse naïveté travaillent une double question : celle de l’hédonisme apparent (ce qu’ont été la disco, la techno, la house, la pop et le rock pour beaucoup) et celle de la révolution intime produite par la musique (ce qu’au fond, ont provoqué chacun des genres cités précédemment, à différentes époques, en réaction à diverses crises). Hédonisme et crise, donc, traversent main dans la main "Random Access Memories", qui s’écoute comme une réponse joyeuse à la débandade mondiale des années 2010 : faites la fête pour oublier. Mais aussi comme un manifeste politique ardent : retrouvons les idéaux et les espoirs de nos 17 ans (en faisant la fête, mais aussi en retrouvant une ambition – artistique, politique) pour changer le monde. Au fond, c’est cela que produit, immanquablement, cet album sans pareil : Daft Punk a renoué avec la musique de ses 17 ans (Thriller en ligne de mire) pour non pas sombrer dans la nostalgie ou le rétro, mais pour affirmer une volonté renouvelée de vie et de rêve. (...) Il n'y a pas de fatalité. Il n'y a sans doute que de la volonté - et s'emparer des moyens de ses ambitions. La vie est possible autre part, autrement : Random Access Memories, en plongeant dans le passé, ouvre cette possibilité abyssale d’un futur, d’un futur heureux.[cursief van mij]
vrijdag 3 mei 2013
Un futur heureux
In tijden niet zo'n zorgvuldig doordachte recensie gelezen als deze door Joseph Ghosn in Obsession:
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